Début juillet, je suis partie 24h durant à la découverte de Bourg-en-Bresse (prononcez Bourk-en-Bresse et non Bour-en-Bresse). La « capitale » de l’Ain, située au Sud du Jura et au Nord de Lyon, est notamment célèbre pour le monastère de Brou, l’apothicairerie ou encore la volaille de Bresse. Le monastère royal est si beau qu’un simple coup d’œil à une photo donne envie de prendre la route ou le train pour le Rhône-Alpes. J’ai eu en plus l’immense plaisir de découvrir « Couleurs d’amour », des vidéoprojections très abouties sur l’hôtel de ville, le théâtre et le monastère. Une étape, à un peu moins de deux heures en TGV de Paris, à prévoir lorsque vous irez dans la région !
Le monastère royal de Brou
Un chef d’œuvre et une histoire d’amour
Le monastère royal de Brou est un chef d’œuvre gothique flamboyant. Si son architecture diffère tant de ce que l’on a l’habitude de voir en France, c’est parce que son architecte, Loys Van Boghem, était belge. Il a d’ailleurs supervisé absolument toute la construction, qui a duré 20 ans. Le monastère a été édifié à la demande de Marguerite d’Autriche, au début du XVIe siècle, en hommage à son jeune époux Philibert le Beau, duc de Savoie. Ce monument d’exception, qui raconte une histoire d’amour, a été élu monument préféré des Français en 2014. Il a trois dimensions : personnelle, conjugale et dynastique.
J’ai eu la chance de découvrir le monastère aux côtés de son passionné et passionnant administrateur, Pierre-Gilles Girault. Son credo ? Ouvrir les portes ! La perle de la Bresse fait l’objet de rénovations bien avancées, qui seront terminées en 2018. D’extérieur, l’on peut admirer la toiture en tuiles vernissées. La façade est d’un beau blanc qui permet d’admirer le travail de dentelle de l’architecte. Le bas côté Sud est sous échafaudage et ne reste que le clocher à nettoyer. Le monastère sera entièrement rénové en 2018. Les appartements de la princesse seront ouverts pour la première fois.
La princesse à l’origine de la construction revendiquait son héritage bourguignon, cela vous aidera sans doute à comprendre la présence des magnifiques tuiles colorées.
Le portail
Notre visite a commencé devant le portail, sur lequel nous avons notamment pu admirer :
- Saint-Nicolas-de-Tolentin, le patron de l’église
- Saint-Paul et Saint-Pierre, les précédents patrons de l’église
- Saint-André, le patron de la Bourgogne
- le P de Philibert le Beau et le M de Marguerite d’Autriche reliés par un lacs d’amour
Trois cloîtres, une spécificité
En entrant dans le monastère, on découvre qu’il compte trois cloîtres, destinés à trois publics distincts :
- les hôtes, les personnes de passage et la princesse fondatrice : la noblesse
- les moines, la communauté monastique avec un accès au dortoir et au réfectoire : le clergé
- les commis, tous ceux qui exercent les fonctions logistiques de la communauté : le tiers état
C’est une disposition unique en France. La visite a aussi été l’occasion de rappeler que tout monastère était une cité idéale, ceci étant peut-être plus vrai encore en Italie, en Espagne ou au Portugal.
L’interprétation des lieux
Au monastère royal de Brou, les appartements sont des espaces d’interprétation : l’objectif n’est pas de meubler. L’on dispose d’inventaires mais aucun document ne reste sur la disposition.
L’histoire de Marguerite d’Autriche et de Philibert le Beau
Marguerite d’Autriche est la fille de Marie de Bourgogne et de Maximilien de Habsbourg. Marie de Bourgogne est décédée quand sa fille, seule héritière du duché de Bourgogne, avait deux ans.
La jeune Marguerite a été mariée à trois ans (sic !) à Charles VIII, qui l’a quittée. Le mariage a été annulé pour permettre un mariage avec Anne de Bretagne.
Marguerite d’Autriche a ensuite été mariée à l’héritier de la couronne d’Espagne, qui ne tarde pas à mourir. Elle-même accouche d’un enfant mort né à 18 ans. La voilà répudiée et veuve.
En 1501, à 21 ans, elle épouse Philibert II de Savoie. C’est le coup de foudre ! Les ducs de Savoie règnent alors sur le Piémont, la Bresse et la Savoie. L’histoire aurait été trop belle pour être vraie si le duc n’était pas mort dès 1504 après avoir pris froid.
Marguerite d’Autriche crée alors le monastère pour l’inhumer et pour que l’on prie pour lui. La construction a débuté en 1506.
Marguerite va alors être régente des Pays-Bas toute sa vie. Vous noterez qu’elle est la tante de Charles de Habsbourg, plus connu sous le nom de Charles Quint. Elle est décédée en 1530… sans avoir vu le monastère achevé. Pas étonnant lorsque l’on connaît son parcours que sa devise soit « Fortune infortune fort une ».
Un monastère, deux dimensions : locale et nationale
Le monastère royal de Brou est cogéré par le Centre des monuments nationaux (CMN) et la ville de Bourg-en-Bresse. Il bénéficie ainsi de la force d’un réseau national tout en bénéficiant d’une programmation culturelle et d’un ancrage locaux. Il est ouvert à la visite depuis la séparation de l’Église et de l’État.
Un monastère royal classé et une histoire riche
Si le monastère est royal, c’est parce qu’il a été sous la protection de Louis XIV. Il a été inscrit parmi les monuments à conserver aux frais de la Nation dès 1791, environ 40 ans avant la première liste des monuments historiques établie par Prosper Mérimée.
Le monastère a été une prison, un projet de caserne, une maison de rétention pour filles publiques, un grand séminaire, etc.
Un peu de culture à l’occasion de la visite de l’église
Cette visite a été l’occasion d’apprendre que :
- les jubés avaient été supprimés pour que les gens voient la messe. L’église du monastère en compte un magnifique : il a été conservé car il n’y avait pas d’activité paroissiale
- comme la définit le Larousse, la miséricorde est une « sorte de console placée sous le siège relevable d’une stalle d’église et servant, quand ce siège est relevé, à s’appuyer tout en ayant l’air d’être debout ». Les menuisiers ont sculpté des sujets profanes sur les miséricordes car il n’était pas question que l’on pose ses fesses sur des Saints. L’on compte 74 places dans les stalles de l’église Saint-Nicolas-de-Tolentin.
Le monastère compte trois tombeaux. En effet, la mère de Philibert le Beau repose également près de son fils.
Dans la chapelle de Marguerite d’Autriche, le retable des sept joies de la Vierge représente sept moments heureux dans la vie de la Vierge : l’adoration des bergers, des mages, la Pentecôte (descente de l’esprit Saint), etc.
De là, un escalier nous permet d’aller marcher sur la partie haute du jubé. Magnifique !
Le second cloître est particulièrement grand.
À l’heure actuelle, l’ancien réfectoire des moines accueille des sculptures.
Le réfectoire sépare le deuxième du troisième cloître, qui a presque un petit côté « village ».
L’exposition « Quel chantier ! Des bâtisseurs aux restaurateurs »
L’exposition « Quel chantier ! Des bâtisseurs aux restaurateurs » est organisée jusqu’au 31 décembre 2017.
Elle propose une immersion au cœur des différents chantiers du monastère royal de Brou, depuis sa construction jusqu’à l’actuelle restauration du bas-côté Sud de l’église. Elle est l’occasion de remettre en lumière de nombreux métiers : tailleur de pierre, sculpteur, verrier, charpentier, couvreur, etc. Le visiteur a même le droit de toucher certains éléments !
On peut se rassurer sur les conditions de travail des ouvriers très qualifiés, qui étaient à l’époque vraiment bien payés et « profitaient » de 150 jours fériés par an.
Le musée municipal
Le musée municipal, installé au sein du monastère depuis 1922, est agréable à visiter. On y découvre par exemple les anciens appartement et la cellule du prieur.
Observer les œuvres est aussi une façon se rappeler que la noblesse vivait la nuit pour montrer qu’elle avait accès aux bougies ou encore que Marguerite d’Autriche était deux fois la tante de François Ier ! J’ai été sensible aux tableaux exposés au sein du musée.
Si vous visitez le monastère de Brou avant le 27 août, ne manquez pas la jolie exposition de photos « De anima lapidum » d’Estelle Lagarde.
Couleurs d’amour
La ville de Bourg-en-Bresse organise un spectacle de lumières, intitulé Couleurs d’amour, sur la façade :
- du monastère royal de Brou
- du théâtre de Bourg-en-Bresse
- de l’hôtel de ville
Les projections sur le monastère mettent en scène l’histoire d’amour de Marguerite d’Autriche et de Philibert le Beau.
Couleurs d’amour est un spectacle très abouti, bien pensé et vraiment plus étonnant que les projections que j’ai pu voir jusque là dans d’autres villes. Un succès ! Il a lieu tous les jeudis, vendredis et samedis jusqu’au 23 septembre 2017.
L'hôtel de ville
Le théâtre
Le monastère
À la découverte de Bourg-en-Bresse
Après avoir découvert le monastère, nous nous sommes promenés dans la ville. Une guide nous a fait découvrir quelques une des rues et places de Bourg-en-Bresse. La promenade nous a menés place des Lices, devant l’ancienne halle au grain, devant le théâtre, etc.
Nous avons eu l’occasion d’entendre parler de plusieurs hommes célèbres venus de Bourg-en-Bresse ou de l’Ain :
- Edgar Quinet – connu à Paris parce qu’une station de métro porte son nom – était un écrivain, philosophe, historien et député né à Bourg-en-Bresse au début du XIXe siècle
- Xavier Bichat est né dans l’Ain au XVIIIe siècle. Ce célèbre médecin n’a vécu que 31 ans mais a apporté énormément à la médecine et en particulier à l’anatomie moderne. Son nom figure sur la tour Eiffel.
- Joseph-Jérôme Lefrançois de Lalande, astronome, a lui aussi son nom sur la dame de fer !
La ville compte aujourd’hui 43000 habitants et plus de 900 associations.
Un très joli temple protestant situé rue Lalande a une spécificité rare : un clocher !
La ville compte quelques maisons à pans de bois. La maison Gorrevod située rue du palais date de 1425. Elle est en encorbellement. Elle appartenait à de riches artisans maîtres drapiers au Moyen-Âge.
C’est à Bourg-en-Bresse que j’ai entendu parler pour la première fois d’une co-cathédrale. Ce terme vient du fait que l’Évêché n’est pas situé dans la ville, bien qu’elle soit la préfecture de l’Ain. La construction de la co-cathédrale a duré 190 ans alors que celle du monastère de Brou n’en a pris que 26.
Une exposition néo-pop à l’hôtel Marron de Meillonnas
Nous sommes allés découvrir une exposition qui se tient à l’hôtel de Meillonnas (H2M), qui date de 1774. Cet hôtel particulier a été construit à la fin du XVIIIe siècle. Edgar Quinet y a vécu. Les balcons en fer forgé de style Louis XV laissent imaginer la richesse du baron à l’origine de la construction du bâtiment. L’exposition gratuite « Le bruit du monde » y est organisée jusqu’au 30 juillet 2017. Elle est ouverte du mercredi au dimanche de 13h à 18h et permet de découvrir des œuvres de Bernard Pras et d’Éric Liot, qui détournent des objets du quotidien.
Un déjeuner face au monastère de Brou : le chalet de Brou
Après la visite du monastère, le déjeuner a été organisé au chalet de Brou. On m’a servi :
- un plat de poisson et ses petits légumes, très agréable au palais, léger, joliment dressé et parfait pour une journée de forte chaleur
- un vacherin vanille-framboise, que le chef avait prévu pour nous aider à supporter les températures du jour (maintenant qu’il fait plus frais, cela paraît loin, non ?)
Nous étions tranquillement installés à l’intérieur mais il existe aussi une terrasse pour les jours plus doux.
Une nuit à l’hôtel de France de Bourg-en-Bresse
Nous avons passé la nuit à l’hôtel de France, un Best western 3 étoiles. Sa très jolie entrée m’a beaucoup plu. La nuit y a été confortable. La chambre est simple et propre. La salle de bains semble être flambant neuve et est très agréable (je veux la même douche !). Nous nous étions couchés tard et je n’ai pas été rapide à aller dans la salle du petit-déjeuner, pris rapidement, mais le buffet offrait pas mal de choix. J’ai gardé un souvenir particulier de la divine briochette à la praline rouge ♥
Best Western Hôtel de France
19 place Bernard
01000 Bourg-en-Bresse
Il est indiscutable que le monastère de Brou est à découvrir si vous séjournez dans ce coin de France. J’ai l’impression d’avoir déjà fait un bon tour de ville mais j’ai noté qu’il y avait quelques châteaux dans le département mais aussi, côté gastronomie, les quenelles, le fromage ou la tarte bressane ! J’ai d’ailleurs souri mi-juillet quand j’ai su que le chef pâtissier du Ritz était de Bourg-en-Bresse (mais je m’égare !).
J’espère vous avoir donné envie d’aller un jour découvrir ce beau monastère ♥
Un grand merci de cette invitation et à toutes les personnes qui ont accompagné ce voyage influenceurs.
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Bonjour,
Ns allons visiter le monastère vendredi et je tiens à vous remercier pour le bel éclairage que vous en donnez. Vos photos sont très belles et les quelques précisions sur les trèsors de la ville très précieuses.
Merci
Merci pour les photos et les commentaires. Nous avons participé à une sortie de groupe jeudi dernier, mais retournons voir demain, seuls et à notre guise, le monastère royal et l’expo des primitifs flamands. Amitiés
Merci d’avoir pris le temps de me laisser ce petit mot ! Le hasard fait bien les choses : je viens de retourner au monastère et en fais un second article 🙂 J’espère que les visites vous ont plu ! Amicalement, Lili
Bourg en Bresse est une très belle ville. Merci pour ces magnifiques photos !
Bonjour, je suis tombé par hasard sur votre blog que je trouve bien construit. Moi même blogueur, je souhaiterai savoir sur quelle plateforme vous êtes hébergé car votre article est très agréable à lire sur smartphone ce qui n’est pas le cas d’ Overblog qui est la platefoyquil faudrai que je quitte
Cordialement
Hunza
Bonjour, je comprends, mon blog a été sous Overblog de 2008 à 2016 et est sous WordPress depuis 2016. La migration technique avait été complexe, j’avais suivi des tutos en ligne + été aidée par un informaticien avec lequel je ne suis plus en contact. Bon courage !