Je me suis rendue pour la première fois au Havre fin juin, à l’occasion du lancement de la saison culturelle du célèbre port normand. La 3e édition d’Un été au Havre se déroule jusqu’au 22 septembre. L’édition 2019 rassemble huit œuvres à redécouvrir, neuf nouvelles œuvres et trois grandes expos. En un week-end de blogtrip, j’ai eu un bel aperçu de ce programme mais ai aussi découvert le centre-ville et quelques adresses.
Le concept d’Un été au Havre
Un été au Havre a été créé en 2017 pour célébrer les 500 ans de la fondation de la ville et de son port. Édouard Philippe en était alors maire. Chaque été désormais, des œuvres d’art contemporain créées sur mesure par des artistes reconnus investissent l’espace public, soit le temps de la saison soit de façon plus durable. Une dimension culturelle supplémentaire investit la ville et le résultat est particulièrement réussi. J’ai eu plusieurs coups de cœur !
Le Havre : une escapade accessible
D’un point de vue pratique, il ne faut qu’un peu plus de 2h de train pour faire Paris-Le Havre. Sur place, le tramway et la marche à pieds permettent de profiter du centre-ville.
Côté budget, Le Havre propose un pass musée, vendu 20€ et valable un an à compter de la date d’achat. Il donne un accès illimité à la maison du patrimoine et l’appartement Perret, au MuMa, au muséum et aux musées d’art et d’histoire : la maison de l’Armateur, l’hôtel Dubocage de Bléville et l’abbaye de Graville. Un bon plan !
Les œuvres d’Un été au Havre installées depuis 2017
Plusieurs œuvres de la première édition d’Un été au Havre font désormais partie intégrante de la ville.
Impact
Impact, l’œuvre de Stéphane Thidet, est située bassin du Commerce. Il s’agit de « deux jets d’eau installés dans un bassin d’eau de mer qui entrent en collision en reproduisant le tracé de la passerelle qui enjambe l’ouvrage ». Impact se déclenche à intervalles réguliers dans la journée, sous réserve que le vent soit doux.
Le temps suspendu
Le temps suspendu, du studio Chevalvert, est installé dans l’ancienne poudrière des jardins suspendus. Sous ce nom se cache un trombinoscope géant et interactif qui rassemble les autoportraits des Havrais. Le temps est suspendu en 2017 ! Je vous disais que la ville se faisait à pieds mais vous invite à regarder plus précisément comment vous y rendre car cette œuvre n’est pas située dans le centre.
Catène de containers
Les arches colorées de catène de containers, de Vincent Ganivet, captent tous les regards, quai de Southampton. Elles contrastent avec la couleur béton de la ville. Les 36 conteneurs maritimes s’élèvent jusqu’à 25 mètres et pèsent… 280 tonnes. J’adore !
Couleurs sur la plage
713 cabanes de plage forment « Couleurs sur la plage », une œuvre de Karel Martens. Aussi utiles que jolies !
Vénus et Mars
Félicie d’Estienne d’Orves a imaginé Vénus et Mars, une mise en lumière des cheminées de la centrale EDF. Elle utilise 476 leds basse consommation.
Les œuvres d’Un été au Havre installées depuis 2018
Jusqu’au bout du monde
Sur la plage du bout du monde, Fabien Mérelle a installé « Jusqu’au bout du monde », une sculpture de 6,24 mètres de hauteur représentant un père portant son enfant sur les épaules face à la mer et aux éléments.
En l’écrivant, cela m’évoque soudain que je suis tombée des épaules de mon père quand j’avais deux ans, m’ouvrant au passage le haut du front (mon réveil après avoir été « assommée » est mon premier souvenir d’enfance). C’était la minute perso !
UP#3
L’installation UP#3 de Lang et Baumann est comme posée sur la plage. Immanquable avec ses 10 mètres de hauteur, elle remet son environnement en perspective.
Un été au Havre 2019 : les nouvelles œuvres
Comme les années passées, certaines œuvres créées pour cet été au Havre seront pérennes tandis que d’autres sont vouées à disparaître. En réalité, l’une d’elle était si éphémère qu’il fallait y être fin juin pour la voir ! L’on ne sait pas encore quelles œuvres resteront dans l’espace public. Je suis curieuse de le savoir d’ici la fin de l’été !
Les cités oubliées
Olivier Grossetête a imaginé une grande ville éphémère en carton : les Cités oubliées, qui n’ont existé que fin juin. Le samedi, nous avons vu des volontaires la construire sous un soleil de plomb. Dès le lendemain, après notre départ, elle a été démolie. Le vent avait mené la vie dure à l’œuvre mais, même imparfaite, j’ai trouvé le concept génial.
Sisyphus Casemate
L’une des alvéoles de l’ancien fort militaire dans lequel sont installés les jardins suspendus abrite Sisyphus Casemate, d’Henrique Oliveira. L’artiste s’est inspiré d’ouvrages médicaux et a symbolisé des réseaux dont le contrôle échapperait à l’Homme.
Les œuvres de Stephan Balkenhol
Dans le centre reconstruit du Havre, Stephan Balkenhol a imaginé une occupation des façades. Une dizaine de sculptures en céramique est installée dans les cadres de baies des façades de quelques immeubles Perret, rue de Paris. De même, le sculpteur sur bois présente des œuvres figuratives à la bibliothèque Oscar Niemeyer.
Les œuvres d’Erwin Wurm
Erwin Wurm a créé, pour la ville, deux œuvres auxquelles j’ai été très sensible : la Fat car et la Narrow house. L’artiste est connu pour « réinterpréter les objets et les situations du quotidien en bouleversant nos repères » et aimer travailler sur l’enveloppe.
La Narrow House existait déjà mais a été reproduite et adaptée. Avec son mètre 30 de largeur, il s’agit de la maison la plus étroite possible dans l’avenue la plus large de France. Cette dernière, bordée d’immeubles à l’architecture Perret, relie l’hôtel de ville à la plage.
La Narrow House représente un pavillon typique des années 70. Elle est une reproduction de la maison des parents d’Erwin Wurm. Ceux-ci n’étaient pas réceptifs au type de carrière choisi par leur fils et faisaient preuve d’une certaine étroitesse d’esprit… Vous y êtes ?
Electric life
Antoine Schmitt a créé une œuvre lumineuse : Electric life, sur les cheminées de la centrale thermique EDF. Elle est « sensible à son milieu, nourrie par le vent et la pluie où elle puise son énergie, programmée
selon des algorithmes de vie artificielle ». Pour simplifier : elle est reliée à la météo et représente des humeurs. Nous l’avons aperçue mais étions un peu loin pour que je puisse bien la photographier.
Oceangate
Susan Philipsz a créé une installation sonore pour l’église Saint-Joseph : Ocengate, « un son nautique atmosphérique ». Celui-ci est destiné à faire un lien avec l’océan et à renforcer l’attachement du visiteur à son environnement. L’église est hors norme et sa tour-lanterne évoque un phare.
Un été au Havre 2019 : les grandes expositions
Dufy au Havre, au Muma
Dufy au Havre est l’exposition présentée du 18 mai au 3 novembre 2019 au musée d’art moderne André Malraux, aussi appelé le Muma.
Raoul Dufy est né au Havre en 1877. C’est dans sa ville natale qu’il s’est formé et a peint ses premières toiles. Elle est restée un sujet d’inspiration tout au long de sa vie : les quais et rues, la plage et ses baigneurs, les casinos, les promeneurs, les pêcheurs, etc. Le peintre a eu de nombreuses périodes : impressionnisme, réalisme, fauvisme, cézannisme, « période bleue » de l’entre-deux-guerres. L’exposition rassemble près de 90 œuvres provenant de collections publiques et privées, françaises et étrangères.
J’ai vraiment beaucoup apprécié l’expo, très colorée et installée dans un vaste musée lumineux. À découvrir !
À l’étage, Matisse, Renoir, Monet, etc. sont représentés dans la collection permanente.
Exhibit !, au Tetris
Le Tetris est un lieu culturel et de vie qui propose restau, spectacles, etc. Nous y sommes allés pour découvrir EXHIBIT!, qui « invite à explorer les arts et cultures numériques« , du 29 juin au 8 septembre 2019. Cette manifestation propose « un parcours d’œuvres au fil d’une exposition de Nils Völker et d’un Fablab ouvert à tous autour de la construction d’une œuvre participative de Niklas Roy ».
Au départ un peu interrogative lorsque j’ai entendu que nous allions visiter une expo mettant en scène des sacs plastiques, j’ai finalement été convaincue par cette découverte !
Stephan Balkenhol au Portique
Stephan Balkenhol, dont les œuvres sont aussi présentées dans le centre-ville et à la bibliothèque, expose au Portique – le centre d’art contemporain du Havre – du 29 juin au 29 septembre 2019.
Toute l’année au Havre, des visites culturelles nombreuses
Si la saison Un été au Havre est riche, l’offre culturelle est plus étendue encore.
Imagine Van Gogh : une exposition immersive au Carré des Docks
Les Parisiens auront déjà au moins entendu parler de l’atelier des Lumières. Je n’ai jamais eu l’occasion de m’y rendre mais ai eu le plaisir de découvrir « Imagine Van Gogh » au carré des Docks, au Havre.
Le visiteur pénètre dans une grande salle et voit défiler sous ses yeux, comme sur de grandes toiles, des œuvres du célèbre peintre sur fond musical. Les périodes Arles, Saint-Rémy-de-Provence et Auvers-sur-Oise sont représentées.
Ce festival de couleurs m’a enchantée. Je me suis sentie petite dans un lieu artistique et apaisant. Regarder défiler des peintures, dont la vivacité contraste avec la pénombre, invite à la rêverie et presque à la méditation.
Imagine Van Gogh, l’expo immersive
Du 29 juin au 1er septembre 2019
Ouvert tous les jours de 10h à 19h
Carré des docks
64 quai de la Réunion
76600 Le Havre
Le site d’Imagine Van Gogh
Le Havre vu du 17e étage de sa mairie
Pour nous donner une première idée du Havre (et apercevoir, de très loin, Deauville et Trouville), nous sommes montés au 17e étage de la mairie, à 75 mètres au-dessus du sol. Il est possible d’y monter en prenant contact avec la maison du patrimoine.
Cela a été l’occasion de nous expliquer que la ville avait été, au départ, une ville-port. Sa création date de l’époque de François Ier, qui a demandé un port en eaux profondes (1517). Les bateaux n’arrivaient plus à aller jusqu’à Rouen.
Le Havre : une ville reconstruite
La ville a été détruite pendant la seconde guerre mondiale, faisant 3000 morts et impliquant 20 000 habitations. Il n’y avait plus rien. Les toits noirs que l’on peut voir sont ceux de l’ancienne ville tandis que les toits terrasses sont ceux de la ville reconstruite.
La reconstruction du Havre a duré 20 ans. Pour ce faire, le béton armé a été utilisé à grande échelle et travaillé comme élément noble par l’architecte Auguste Perret. La structure et le remplissage sont différents par exemple. Les appartements bâtis après guerre étaient spacieux. La population était donc contente, jusqu’au désamour pour le béton. Le centre-ville est classé depuis 2005.
Visite de l’appartement témoin Perret
L’appartement témoin que l’on peut visiter n’est pas d’origine mais est très fidèle à l’esprit de 1949. Il a été acheté en 2006, remeublé et est aujourd’hui un musée, situé dans un immeuble vraiment habité, qui se visite.
Le voyage dans le temps nous conduit au début des 30 glorieuses. L’appartement témoin est équipé de tout ce qu’il y avait de mieux mais cela reste une vision et non le reflet exact du logement de chacun.
L’appartement mesure 99m2 et compte 6,24 mètres entre les poteaux (ne parlez pas de mur porteur !). Tout de suite après la guerre, 6 à 7 personnes vivaient dans un tel logement. C’était l’époque du baby boom ! Moi qui aime relier ce que je vois à des repères que je peux avoir, je me dis que c’était l’époque où mon père avait 2 ans et ma mère était dans le ventre de la sienne.
L’appartement témoin Perret est délicieusement rétro et c’est un vrai plaisir d’y déambuler. De passage au Havre, n’hésitez pas à contacter la maison du patrimoine pour le visiter. Vous ne devriez pas le regretter ! La découverte m’a vraiment marquée.
Promenade dans le centre du Havre
Ironie de l’histoire : le monument aux morts de 1870 et 1914-18 est le seul élément du centre-ville qui n’a pas été détruit pendant la seconde guerre mondiale.
Le Havre a son volcan, une scène nationale, et son petit volcan, qui héberge la bibliothèque Niemeyer. Amateurs d’architecture, ouvrez grand les yeux !
Un déjeuner au restaurant Monsieur Auguste
Pour notre premier déjeuner au Havre, nous avons découvert une jolie adresse : Monsieur Auguste. Après un jus de fraise (3,40€) en apéritif, je m’y suis régalée d’un bowl vegan (12,90€) à base de riz à sushi, guacamole, salade, concombres, chou, carotte, radis, tomates cerises, agrumes et sauce soja. J’ai terminé le repas sur un thé gourmand (9€).
Monsieur Auguste
Café – Bistrot – Salon de thé
58 place de l’Hôtel de Ville
Le Havre
Ouvert tous les jours
Tél. : 02 35 48 16 30
www.monsieurauguste.fr
Un déjeuner au Saison 2
Pour notre second déjeuner au Havre, nous avons découvert un restaurant de plage : le Saison 2. Parmi les options imaginées pour nous, j’ai choisi de déguster du poisson, bon et bien cuisiné avec une sauce originale, accompagné de pâtes multicolores, et un thé gourmand. Les petites douceurs au chocolat et au caramel m’ont bien plu.
Restaurant Saison 2
Le Havre
Ouvert tous les jours
Tél. : 02 35 47 61 01
www.saison-2.fr
Un dîner au restaurant Le Grand Quai
Nous avons dîné au Grand Quai, face aux Cités oubliées. Le restaurant comporte une terrasse, prise d’assaut, et nous avons pris place à l’intérieur. Des planches à partager nous ont été servies. Au menu : charcuterie, frites, coquillages, croque-monsieurs, poisson pané, etc. Pas forcément l’idéal pour mon estomac capricieux, je n’ai donc pas fait trop de mélanges (vive les frites…) mais je reconnais que les profils plus tolérants auront de quoi grignoter dans une ambiance conviviale.
Le Grand Quai
Bar & restaurant
25 Quai de Southampton
Le Havre
La page Facebook du Grand Quai
Novotel Le Havre Centre Gare
Nous avons séjourné au Novotel Le Havre Centre Gare le temps d’une nuit. Comme son nom l’indique, l’hôtel est situé tout près de la gare mais aussi du tramway qui mène au centre-ville. Le lobby est bien décoré. La chambre est plus simple mais propre et confortable. Je me suis aussi aperçue en poussant un peu le canapé qu’il y avait un balcon, qui m’a offert une jolie vue au réveil. Lors de mon séjour, la chambre double classique était proposée à partir de 115€ la nuit.
J’ai pris le petit-déjeuner à l’hôtel. Servi sous forme de buffet, il est proposé à 17€ par personne. Mon estomac avait besoin de repos, j’ai donc mangé un scone et un peu de brioche avec un thé Kusmi tea mais le choix était vraiment vaste : fruits, œufs, etc. De quoi contenter tous les goûts et tous les appétits !
Novotel Le Havre Centre Gare
Quai Colbert
76600 Le Havre
www.hotel-novotel-lehavre.com/fr/
J’espère que ce billet fleuve vous aura donné envie d’aller explorer Le Havre et sa belle programmation culturelle. La visite combine la découverte d’un patrimoine architectural moderne de la 2e moitié du XXe siècle et celles d’œuvres contemporaines et d’expos. Une escapade étonnante !
Organisez votre visite avec :
– la page Facebook d’Un été au Havre
– le site de l’office du tourisme du Havre
Retrouvez tous mes billets « Escapades en France » sur une carte :
Merci notamment à Camille, Thomas Malgras, Marine Troquet de leur invitation et du temps passé à nous accompagner !
Merci Lili de ce beau reportage – cela fait chaud au cœur
boujous havrais !!
Sandrine
GIP Un Eté Au Havre
Merci Lili pour ce joli billet ! C’etait un vrai plaisir de vous faire découvrir ma ville… Thomas
Le Havre était un peu le parent pauvre de la touristique Normandie, mais ça a beaucoup changé ! Je n’y ai pas encore passé de temps, juste brièvement en voiture. Un jour, peut être !
Merci beaucoup pour cet article, ça m’a vraiment donné du plaisir de le lire. Le Havre est une ville que j’apprécie beaucoup depuis mon enfance, je me souviens de nos vacances avec mes parents c’était vraiment inoubliable, certes la ville à changer depuis mais le charme reste le même, sur bailti il y a beaucoup de logement très abordable sur Le Havre peut être que nous déménageons là bas un de ces jours 🙂
EN tout cas encore merci pour l’article