Lors de mon escapade à Bordeaux, que j’ai commencé à vous raconter dans un précédent article, je me suis échappée du centre ville pour visiter deux monuments nationaux : le château ducal de Cadillac et l’abbaye de la Sauve-Majeure. Les deux sites ont en commun d’avoir une histoire riche et beaucoup à nous apprendre. Des visites à prévoir si vous séjournez dans la région bordelaise !
L’abbaye de La Sauve-Majeure
Notre-Dame-de-la-Sauve-Majeure a été fondée en 1079 par un abbé bénédictin qui venait de la Somme. Elle est située dans l’Entre-deux-Mers, entre la Garonne et la Dordogne. Son nom fait référence à la « Silva Major », la grande forêt au milieu de laquelle elle est bâtie. Elle est en effet encore nichée dans un écrin de verdure.
L’abbaye de La Sauve-Majeure est chef-d’œuvre de l’art roman. Célèbre pour ses chapiteaux, il est encore possible de voir aujourd’hui, au grand jour, des sculptures et vestiges magnifiques.
Au XIIe siècle, l’abbaye était à la tête de 70 prieurés. À la Révolution, elle ne comptait plus qu’une dizaine de moines. Elle est ensuite tombée en ruines au point de devenir une carrière de pierre. De nombreuses pierres ont servi à construire le village (aïe !). Le chœur a heureusement été épargné.
« Le péché originel », « Daniel dans la fosses aux lions », « La décollation de Saint-Jean-Baptiste »… Sur place, nous avons eu la chance d’être guidés par Alain, qui a mis des mots sur ce que le site offre à voir à nos yeux.
En gravissant les 157 marches de la tour, on découvre une vue magnifique sur le site et ses environs. J’ai particulièrement adoré les baies gothiques du réfectoire, datant du XIIIe siècle. Ce superbe mur semble comme posé sur la pelouse. La vision est un peu décalée, entre les ruines et une architecture pourtant presque intacte.
La Sauve-Majeure a été classée monument historique en 1840 et est un bien national depuis 1960. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Sur ce chemin de pèlerinage, l’abbaye offrait une halte bienvenue avant d’arriver dans les Landes.
Vous l’aurez probablement perçu à travers les photos, l’abbaye de La Sauve-Majeure invite à la flânerie, voire à la rêverie, à la curiosité… Sa visite nous enchante !
Abbaye de La Sauve-Majeure
14, rue de l’abbaye
33670 La Sauve
Ouvert :
– du 2 janvier au 26 mai et du 30 septembre au 31 décembre de 10h30 à 13h et de 14h à 17h30
– du 27 mai au 29 septembre de 10h à 13h15 et de 14h à 18h
Fermé les 1er janvier, 1er mai, 25 décembre
Plein tarif : 6€
Le site de l’abbaye
Le château ducal de Cadillac
La toute première visite que nous avons faite lors de notre séjour bordelais a été celle du château ducal de Cadillac, au Sud-Est de Bordeaux. Je vous vois venir et rapprocher le nom du château et celui d’une luxueuse marque de voitures américaines. Il n’y a, en réalité, pas de vrai lien entre les deux. Antoine Laumet, dit de Lamothe Cadillac, originaire du Sud-Ouest et fondateur de la ville de Detroit, a inspiré le nom des célèbres voitures. Mais revenons donc au château girondin !
Nous avons découvert à la fois le parcours du château, l’exposition « Henri IV, un roi dans l’Histoire« , montée en partenariat avec le château de Versailles, et quelques coulisses. C’est aux côtés de l’administrateur des lieux, Olivier du Payrat, que nous nous sommes imprégnés des lieux et de leur histoire.
Le château d’apparat d’un proche d’Henri III
Le château des ducs d’Épernon était un château d’apparat et militaire à l’origine. Il a un important passé carcéral.
Jean-Louis de Nogaret de La Valette a fait construire, au début du XVIIe siècle, ce château à la place d’un château-fort, qui a été rasé. C’étaient alors les prémices de l’architecture à la française. Le plan est simple, avec un logis central, un escalier d’honneur, deux ailes, des pavillons d’angle – qui ont disparu – et des bastions. Le château ducal de Cadillac était destiné à recevoir les grands et montrer ses richesses.
L’homme a grandi à l’époque des guerres de religion. Il a réussi à se faire remarquer et s’est positionné pour devenir un favori du roi Henri III, dernier roi de la dynastie des Valois (je n’ai pas cessé de penser à la série « Reign » !). Henri III l’a élevé au rang de duc et pair de France, lui permettant ainsi de doubler toutes les grandes familles, comme les de Guise. Bras droit du roi, il était est détesté de tous. Il a été marié avec Marguerite de Foix-Candale.
Après la mort d’Henri III, c’est Sully qui a été le bras droit du roi Henri IV. Ce dernier voulait absolument écarter le duc d’Épernon et l’a incité à construire un château loin de la capitale. Pour se donner une idée de la méfiance et des sentiments qu’il inspirait, le duc a aussi été placé en résidence surveillée par Richelieu.
Jean-Louis de Nogaret de La Valette est mort en 1642. Seul l’un de ses trois fils lui a survécu. Il n’y a pas eu d’héritier direct pour ce grand château.
Un château au destin tourmenté
Au début du XVIIIe siècle, le château a été vidé et promis à la démolition. Les deux ailes et les quatre pavillons, soit la moitié du château, ont disparu. La chambre du Roi n’existe plus car le pavillon dans lequel il se trouvait a été détruit. Le bien a été saisi et pillé à la Révolution. Il était alors très fortement dégradé.
En 1820, le château de Cadillac est devenu la première prison pour femmes en France. 10 000 femmes y sont passées au XIXe siècle, avec 500 femmes au maximum en simultané. La situation y était terrible.
Pendant la première moitié du XXe siècle, le château-prison a été une école de préservation pour jeunes filles. Il s’agissait en fait d’une maison de correction dans laquelle elles étaient gardées jusqu’à leurs 21 ans pour des raisons comme l’infanticide – parce qu’elles ont été abusées ou trop jeunes ou autres – ou parce que leur père l’a souhaité. Il n’y avait pas d’âge minimal : les jeunes femmes pouvaient arriver même à 8 ans !
Le château ducal de Cadillac aujourd’hui
Des campagnes de restauration lui ont permis de retrouver des décors évoquant ceux du XVIIe siècle. L’on y découvre de nos jours cheminées monumentales, tapisseries et plafonds peints. Il est peu meublé.
Le château ducal de Cadillac présente la collection de tapisseries la plus importante du réseau du centre des monuments nationaux (CMN). Cela explique que les volets soient fermés. Les tapisseries viennent d’ateliers parisiens ou des Flandres.
Au sous-sol, nous avons visité les cuisines et offices.
Une exposition consacrée à Henri IV
L’exposition « Henri IV, un roi dans l’Histoire » est consacrée au célèbre roi dont la légende s’est construite aux XVIIIe et XIXe siècles. Elle est issue d’un partenariat avec le château de Versailles.
En poussant les portes du château…
Nous avons pu accéder à quelques espaces fermés à la visite et avons ainsi découvert un cachot ou encore un escalier en vis.
Le château ducal de Cadillac a des accents royaux mais a connu un destin tourmenté. Son parcours de visite témoigne aujourd’hui des différentes facettes de son histoire. Une découverte assurément instructive !
Château ducal de Cadillac
4, place de la Libération
33410 Cadillac-sur-Garonne
Ouvert :
– du 2 janvier au 26 mai et du 30 septembre au 31 décembre de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30
– du 27 mai au 29 septembre de 10h à 13h15 et de 14h à 18h
Fermé les 1er janvier, 1er mai, 25 décembre
Plein tarif : 6€
Le site du château
Et vous, avez-vous déjà entendu parler de ces sites ? Peut-être les avez-vous déjà visités ?
Merci aux équipes du CMN, qui gère ces deux sites, de cette invitation.
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