Nous sommes allés voir « La Peur », de Stefan Zweig, jouée actuellement au théâtre Michel et présentée comme un chef d’œuvre. Élodie Menan s’est inspirée de l’univers d’Hitchcock pour plonger comédiens et spectateurs dans les années 50. Partie d’un texte de 50 pages, elle a brillamment inventé les dialogues et développé les personnages. Ajoutez à cela un casting impeccable : « La Peur » est vraiment à découvrir !
Stefan Zweig excelle dans la description des tourments intérieurs de ses héros. Sa nouvelle, « La Peur », en est le meilleur exemple.
Irène, mère au foyer, trompe son mari, Fritz, avocat pénal. Un soir, une femme l’interpelle à la sortie de chez son amant. Elle prétend être la petite amie de ce dernier, interdit à Irène de revenir le voir et lui réclame de l’argent en échange de son silence.
Dès lors, Irène vit dans la hantise que son mari apprenne sa liaison.
Digne d’un roman à suspense, la pièce se déroule au rythme haletant des angoisses de cette femme, adultère traquée par l’étrange compagne de son amant. On assiste à la dégradation inexorable d’un couple qui ne se comprend plus…
Mensonges ? Manipulation ? Hallucinations ?
Comment garder le secret et échapper à cette tourmente sans fin ?
Son couple vacille jusqu’au dénouement, véritable coup de théâtre.
« La Peur » est une pièce éprouvante et sous une tension permanente et croissante. Elle met est scène un couple qui se détruit à force de mensonges.
Les trois comédiens sont excellents. J’ai trouvé à l’époux, incarné par Aliocha Itovich, de petits airs de Red Butler avec sa moustache et sa distinction. Hélène Degy interprète Irène, une épouse modèle – à la garde-robe parfaite – mais qui, pour une infidélité et la culpabilité qui s’en suit, va flirter avec la folie. La comédienne donne particulièrement d’elle-même pour son rôle. La pièce doit être à chaque fois une épreuve physique et psychologique pour elle ! Ophélie Marsaud joue un rôle dérangeant et réussit à nous glacer.
Les spectateurs sont complètement absorbés par l’intrigue et les sentiments et sensations éprouvés par les comédiens. Les scènes s’enchaînent et l’inquiétude du spectateur ne se relâche jamais. Personne ne bouge pendant 1h30. Le rythme est lent – pour mieux nous faire entrer dans l’ambiance – et soutenu.
Monsieur a trouvé la mise en scène assez cinématographique. Le décor est très mobile et parfaitement exploité. Il participe à créer le malaise et ses mouvements accompagnent l’état d’esprit dans lequel se trouvent les comédiens. Les lumières sont elles aussi très travaillées.
Élodie Menant, qui signe l’adaptation et la mise en scène, a effectué un très beau travail, porté par des comédiens plus qu’à la hauteur.
À la fin, les « bravo ! » fusent. Le public est conquis. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Le théâtre Michel est le cadre en ce moment d’une autre pièce d’un registre proche : « Columbo« .
Théâtre Michel
Initialement du 7 octobre au 31 décembre 2016 – Prolongations jusqu’au 30 avril 2017
38 rue des Mathurins
75008 Paris
Métro : Havre-Caumartin
Du jeudi au dimanche à 19h
La pièce sur le site du théâtre Michel
Merci Xavier de l’invitation