Cela faisait un bon moment que je lisais qu’ »Adieu Monsieur Haffmann » rencontrait un grand succès au théâtre, raflant au passage quatre Molières en 2018 : spectacle de théâtre privé, auteur francophone vivant, révélation féminine et comédien second rôle. Monsieur et moi avons profité de la reprise de la pièce au théâtre Rive gauche pour aller la découvrir. Nous étions loin d’être les seuls au rendez-vous et, à écouter les impressions des spectateurs au moment de quitter la salle (les yeux rouges pour ma part…), loin également d’être les seuls à avoir aimé. Une pièce comme il faut qu’il en existe et à voir évidemment !
« Adieu Monsieur Haffmann » : l’histoire
« Paris, 1942. Le port de l’étoile jaune pour les Juifs est décrété. Au bord de la faillite, Joseph Haffmann, bijoutier juif, propose à son employé, Pierre Vigneau, de lui confier sa bijouterie, s’il accepte de le cacher en attendant que la situation s’améliore. Pierre prendra-t-il le risque d’héberger clandestinement son “ancien” patron dans les murs de la boutique ? Et si oui, à quelle condition ? »
Nos impressions sur « Adieu Monsieur Haffmann »
Nous n’avions volontairement pas lu le résumé de la pièce juste avant d’aller la voir. Celle-ci réserve bien des surprises et, même si le thème reste lié à la persécution des Juifs pendant la seconde guerre mondiale, l’on découvre un autre thème fort et intemporel, qui n’a pas manqué de nous toucher. Quelle surprise que de découvrir la requête de Pierre Vigneau à son patron ! « Adieu Monsieur Haffmann » nous rappelle que derrière un sourire peut se cacher une souffrance. Les êtres humains ont parfois à composer avec des solutions qui sembleraient insolites si elles n’étaient pas, au fond, si tristes, pour pouvoir avancer.
Les dialogues sont intéressants et le texte intelligent. Un peu d’humour est amené et l’idée n’est pas de nous plomber. D’autant que, dans la vie, tout n’est pas noir ou blanc. N’est-ce pas ? Je repense plusieurs fois par an au témoignage d’un survivant d’un camp de concentration entendu il y a pas loin de 20 ans. Toute l’assistance était en larmes tandis que le principal intéressé gardait les yeux secs. Il essayait même de faire ressortir de bons moments car, d’une certaine manière, il y avait eu. J’en pleurerais presque de vous l’écrire. Mais je m’écarte un peu du sujet, ou pas tant que ça, car il faut se souvenir de l’Histoire mais aussi s’ouvrir à la vie.
« Adieu Monsieur Haffmann » part de personnages et situations qui ont existé et vient y accoler une histoire bien ficelée. Les comédiens évoluent au sein de leur foyer, entre leur cuisine et la cave. Le décor nous a plu. Il n’y a pas de réels changements de décor mais des astuces et jeux de lumières, bien trouvés.
La distribution peut un peu changer d’une représentation à l’autre. Le soir de notre venue, Grégori Baquet incarnait Pierre Vigneau. Voilà très longtemps que ce comédien m’a convaincue et j’ai toujours plaisir à le voir sur scène. Dans « Adieu Monsieur Haffmann », son jeu est, comme celui de ses partenaires, impeccable. Marc Siemiatycki habite lui aussi totalement son personnage, Joseph Haffmann. La pièce ne l’épargne pas. Anne Plantey joue le rôle d’Isabelle Vigneau, épouse amoureuse qui passe par une phase difficile et dont l’intrigue vient également remettre en question beaucoup de valeurs. Franck Desmedt incarne Otto Abetz, personnage inquiétant, manipulateur et que l’on déteste à la seconde où on le découvre ! Son épouse Suzanne, extravertie et toujours prête à rire à gorge déployée, est jouée par Charlotte Matzneff.
Pendant la pièce, tout est possible, y compris le pire. Plus la fin approchait, plus le public retenait son souffle. Je suis sûre que nous nous sommes plusieurs fois collectivement exclamés. Monsieur m’a dit après coup que je m’étais accrochée à son bras ou m’étais caché une partie du visage. Autant dire qu’il y a du suspense : quel est le destin de Monsieur Haffmann ? Et quel est celui du couple Vigneau ? Il vous faudra aller découvrir ce très beau spectacle pour le savoir !
Adieu Monsieur Haffmann
Depuis le 9 octobre 2018
Du mardi au samedi à 19h
Matinée le dimanche à 17h30
Tarifs au guichet : de 17 à 35€
Théâtre Rive gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris
La pièce sur le site du théâtre Rive gauche
Merci beaucoup de cette invitation !