Monsieur et moi venons d’aller découvrir « Dépendances », une pièce de théâtre signée Charif Ghattas, qui assure également la mise en scène, au Studio Hébertot. Francis Lombrail et Thibault de Montalembert assurent dix représentations exceptionnelles, jusqu’au dimanche 29 avril 2018. Ils interprètent deux des trois enfants d’une fratrie dont les membres se sont éloignés les uns des autres et doivent se retrouver autour d’une succession. Intense !
Dépendances : l’histoire
C’est un jour particulier. Comme prévu, Tobias, Henri et Carl ont rendez-vous à 14h. Il est 14h10 : Carl n’est toujours pas arrivé…
Pour régler une affaire de succession, Henri et Tobias ont rendez-vous dans l’appartement familial. Presque deux ans sans s’être vus – on comprend vite pourquoi – tant les deux frères semblent comme des pôles opposés. Pudique, en apparence affranchi de la structure familiale, Henri y va à reculons, tandis que Tobias, animal écorché vif, resté vissé à l’enfance, peine à contenir sa tempête intérieure. Il peste, fulmine, s’emporte contre Carl, le troisième frère qu’ils attendent et qui est en retard. Comme à chaque fois. Comme toujours. Ce retard anodin fait monter la tension. À moins que ce ne soit Carl lui-même le véritable problème. Peu à peu, la situation déraille. Ramenés de force à la lisière d’une névrose familiale, les deux hommes vacillent. Le bon sens s’altère, les rapports se brouillent, faisant resurgir les failles d’un terrible secret de famille, jusqu’à la révélation finale.
Nos impressions sur la pièce
« Dépendances » porte sur les secrets de famille et les histoires non digérées qui ont pu prendre de l’importance. Les deux frères mis en scène sont liés par leur enfance et l’histoire familiale. L’un et l’autre se défient et appuient là où ça fait mal. Tobias n’est d’ailleurs pas loin d’être insupportable !
Pour leurs retrouvailles, dans des circonstances particulières, les deux hommes se toisent et se défient. Les moments de silence sont nombreux. On sent la tension qui règne sur la fratrie. Dans « Dépendances », on sent une volonté de questionner les liens familiaux et fraternels, ce qui reste tissé avec le temps et ce qui s’est déconstruit. Les spectateurs sont attentifs. Personne n’a ne serait-ce que toussé pendant l’heure 10 ou 15 que dure le spectacle.
Les comédiens sont très bons, vivent parfaitement leurs personnages et la situation. Si nous avons eu envie de voir la pièce, c’est d’ailleurs notamment pour Thibault de Montalembert, que nous avons connu dans la très bonne série « Dix pour cent », Globe de Cristal 2018 de la meilleure série télévisée. Nous l’avions aussi vu sur scène dans une pièce qui méritait d’être vue : « Politiquement correct« . Sauf trou de mémoire de ma part, Francis Lombrail, était une découverte pour nous. Le comédien vient de recevoir, avec l’équipe de « 12 Hommes en colère », le Globe de Cristal 2018 de la meilleure pièce de théâtre.
La scène est dépouillée mais le jeu des acteurs emplit l’espace. Une table, deux chaises, des escaliers suffisent.
La pièce nous a semblé un peu longue – mais c’est une impression personnelle – et se veut relativement pesante. En sortant, nous avons eu besoin de comparer nos interprétations de l’histoire et d’échanger sur nos impressions. Il peut rester une place au doute. Le spectacle nous a laissés songeurs un petit moment. La pièce est jouée en début de soirée. Cela permet ensuite, si l’on en éprouve le besoin comme cela a été notre cas, de se détendre un peu et de finir la journée sur une note plus positive.
Si vous avez envie de réfléchir un peu, aimez les interrogations sur les histoires et fantômes du passé, ou encore les dialogues sous tension, il se pourrait bien que la pièce soit pour vous !
Et vous, avez-vous envie d’aller découvrir « Dépendances » ?
Dépendances
Du 19 au 29 avril 2018
Du mardi au samedi à 19h
Le dimanche à 17h
Studio Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris
Présentation de la pièce sur le site du Studio Hébertot