Monsieur et moi sommes allés voir « Ah ! Le grand homme » pour sa première au théâtre de l’Atelier. L’affiche et le titre laissent peu imaginer ce qui peut se cacher derrière mais le spectateur a tout intérêt à lire le pitch car la pièce en vaut la peine !
L’histoire ? Un metteur en scène et des comédiens ont pour mission de créer une pièce en une journée ! Toutes les bonnes volontés et les bonnes idées de chacun sont bonnes à prendre pour tenter de réussir ce challenge et venir en aide à ce périlleux projet, tout en composant avec la personnalité de chacun.
Voilà bien longtemps que je n’étais pas allée au théâtre de l’Atelier. La dernière fois, c’était pour « Les liaisons dangereuses » et je toussais terriblement (mes voisins m’ont détestée et j’avais du mal à suivre : cela m’a marquée !). Cela a donc été l’occasion de renouer avec cette salle, située sur une place du 18e arrondissement parisien.
« Ah ! Le grand homme » est une farce.
Des comédiens, prêts à tout pour exercer leur métier, répondent à la convocation d’un metteur en scène fumeux. Leur mission : rendre hommage, sur scène et le soir-même, au grand Jean Vilar !
Les fantômes du Théâtre viennent fort heureusement voler à leur secours au terme d’une journée délirante…
Pierre et Simon Pradinas s’engouffrent joyeusement dans l’univers du Théâtre, y dessinent des personnages déraisonnables, excessifs, maladroits, touchants, égocentriques, généreux, rêveurs, prêts à tout pour vivre leur passion : Le Théâtre. Et si le Théâtre est le champ de bataille de la pièce, elle traite surtout de ces utopistes qui, malgré leurs tares avérées, parviennent à réaliser l’impossible.
Le fait de voir des caricatures (ou si peu !) de personnes évoluant dans le milieu du théâtre est particulièrement drôle. On se doute bien que, dans la vie réelle, il n’est pas rare d’entendre chacun tenter d’apprendre son travail au metteur en scène.
Dix jours plus tôt, j’avais d’ailleurs entendu deux artistes tenir une conversation proche de ce qui a été présenté sur scène : une personne est sûre de connaître l’autre qui, elle, ne la resitue pas du tout. « Mais si, tu étais dans tel spectacle et moi je connais machin ». C’était aussi truculent sur scène que dans la réalité.
Dans « Ah ! Le grand homme », tout le monde y est : le comédien célèbre et reconnu, le looser que personne n’appelle, le fidèle qui joue dans toutes les œuvres d’un metteur en scène, la jolie actrice, le metteur en scène survolté qui est complément habité, son assistant qui oscille entre le dévouement extrême et l’agacement face à sa condition et l’administratif bedonnant du théâtre qui regrette de ne pas être reconnu à sa juste valeur et presque de ne pas être un artiste.
Les acteurs sont vraiment excellents et semblaient être plus vrais que nature. Le rôle du metteur en scène, interprété par Jean-Luc Porraz, est assez incroyable. Yvan Le Bolloc’h en impose. Jean-Jacques Vanier joue les benêts. Stéphan Wojtowicz revêt parfaitement les habits du sous-directeur blasé qui s’essaie à la drague. Jean-Pierre Malignon interprète un comédien plutôt sans histoires. Aurélien Chaussade joue le rôle d’un nerveux qui en a beaucoup sur les épaules. Et Serena Reinaldi (oui oui, la gagnante du jeu de télé-réalité « Nice people » 2003, on a les références culturelles que l’on a) est vraiment exquise en jouant l’unique femme de la distribution.
Le spectateur se laisse emporter avec plaisir dans l’histoire, bien écrite. Il se demande pendant un bon moment comment la pièce va se finir. Monsieur a aimé que les situations soient de plus en plus burlesques. Nous avons trouvé qu’il y avait beaucoup de bonnes trouvailles et de réparties qui font mouche. Quelques superstitions et clichés sont testés sur scène.
J’ai aussi été sensible au décor. La pièce est vraiment bien conçue.
Si nous devions trouver un « mais », nous dirions que certains passages sont un peu longs. La pièce dure 1h45, donc est d’une durée raisonnable, mais elle pourrait presque paraître s’être plus étendue dans le temps.
Au final, le bilan est positif ! Nous avons aimé que ce soit une pièce qui change : on est loin de la comédie de boulevard et de l’amant dans le placard, on ne sait pas où l’on va mais on est contents d’y aller. C’est une pièce sur le théâtre et sur le spectacle, portés par des comédiens irréprochables et qui la servent bien. On passe un bon moment de théâtre, qui n’en est même peut-être que plus délicieux si l’on connaît un peu le milieu.
Merci Laetitia de l’invitation !
Ah ! Le grand hommes
de Pierre et Simon Pradinas
Mise en scène : Panchika Velez
Décor : Claude Plet
Lumières : Didier Brun
Costumes : Marie-Christine Franc
Assistante à la mise en scène : Brigitte Villanueva
Depuis le 12 janvier 2016
du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h
Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris
01 46 06 49 24
www.theatre-atelier.com