Si je n’écoute pas la musique de Dionysos, j’ai, en revanche, adoré « Jack et la mécanique du cœur », le roman de Mathias Malzieu, lorsque je l’ai lu, à sa sortie. Une grande sensibilité, un imaginaire développé, de belles métaphores : j’étais séduite et aurais rêvé d’avoir écrit ce livre (rien que ça !). Bref, en apprenant que l’histoire était adaptée au cinéma, je n’ai pas pu faire autrement que d’aller voir « Jack et la mécanique du cœur ». Et j’ai aimé !
Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter trois lois :
– premièrement ne pas toucher à ses aiguilles
– deuxièmement maîtriser sa colère
– et surtout ne jamais, Ô grand jamais, tomber amoureux
Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais, à Paris jusqu’aux portes de l’Andalousie.
L’idée de film d’animation m’intriguait : allais-je vraiment accrocher ? Nous avons d’ailleurs été surpris de voir beaucoup d’enfants dans la salle. En effet, l’histoire n’est pas gentillette, soulève des questions sur la vie, la mort, l’amour, les peurs, etc. Jack l’éventreur, par exemple, m’aurait terrifiée dans ma plus tendre enfance (en fait, j’avais peur qu’il soit derrière la porte quand on me déposait devant la maison de mes parents pour les attendre, quand j’étais en CE1). Vérification faite le film est « à partir de 6 ans » mais pas destiné à tous les enfants. Mon amoureux n’aurait pas emmené son fils de 7 ans voir ce film dramatique, même s’il s’agit aussi de l’aventure d’un enfant qui grandit.
Les voix des enfants sont d’ailleurs celles d’adultes : Mathias Malzieu, Olivia Ruiz, Grand corps malade, Jean Rochefort, etc. Les deux premiers ont été un couple à la ville et leurs voix en reforment un pour l’occasion. Je me suis dit que l’expérience avait dû être étrange pour Olivia Ruiz, ce que j’ai d’ailleurs plus ou moins lu ensuite. C’était amusant d’entendre Grand corps malade… Sa voix incroyablement grave qui résonnait dans la cour d’école allégeait un peu le poids du rôle de l’enfant qu’il incarnait. J’ai aussi aimé entendre Olivia Ruiz, que j’avais vue en concert aux Francofolies et lors d’un concert en plein air.
L’univers protégé de Jack est empli d’originalité au début de l’histoire. Sa mère adoptive est une femme brisée par son impossibilité à avoir un enfant (décidément, ce thème est récurrent ces jours-ci : ce film, le premier épisode de « Masters of sex » que nous avons vu, une pièce de théâtre vue hier et qui s’annonçait comme une comédie…). La rencontre du garçon avec Meliès (lui aussi est à la mode !), qui lui sert un peu de guide – voire de père libérateur ? – est belle.
L’univers visuel de « Jack et la mécanique du cœur » m’a beaucoup plu : Édimbourg, le cirque en Andalousie, les voyages… Comment ne pas se prendre au jeu ?
La poésie de l’histoire est très bien rendue. J’aime quand il est possible de monter sur des flocons pour atteindre les étoiles ! Certains plans, à la réflexion, me font presque penser à « Moulin rouge », avec la robe rouge de miss Acacia… ou de Satine, et le moulin en arrière plan…
J’avais oublié de nombreux détails de l’histoire : c’était plutôt un bon point car cela m’a permis de redécouvrir de nombreux passages. À la fin de l’heure 34 que dure le film, je pleurais franchement, toute émue par les événements.
En bref, sensible à l’histoire de « Jack et la mécanique du cœur », j’ai été séduite par le film ! Mon amoureux l’a aussi beaucoup aimé.
Et vous, l’avez-vous lu ou vu ?
J’ai aimé le graphisme du film, en revanche , j’ai trouvé qu’il n’avait pas su trancher entre le film noir et le film pour enfant. Il faudrait que je lise le roman que toute la blogo porte aux nues !!
Pour moi, ce n’était pas du tout pour enfants… Ayant tous deux lu le livre, il ne nous est même pas venu à l’esprit que nous pourrions y aller avec mon beau-fils… Le roman reste sombre et fantaisiste, tu trouveras peut-être que ce n’est pas beaucoup plus clair !