Voilà déjà plus de cinq ans que j’ai été émerveillée par « My fair lady », la comédie musicale, au théâtre du Châtelet. L’histoire, je la connais bien. Alors, quand Monsieur m’a glissé son envie d’aller voir « Pygmalion » dans un petit théâtre du 14e arrondissement (petit certes mais plutôt confortable et offrant une belle vue sur la scène), je n’ai pas mis plus de quelques minutes à aller prendre nos places (35€ pour deux) sur Billetréduc. En tête d’affiche, avez-vous remarqué que l’on retrouvait Lorie Pester ? Oui, Lorie, « la chanteuse » et ancienne patineuse, métamorphosée. La pièce ne m’a pas autant transportée que la comédie musicale mais nous avons tout de même passé un bon moment et le (court) déplacement en valait la peine.
« Pygmalion » fait partie de ces grandes pièces du répertoire pleines d’esprit et de finesse qu’on ne se lasse pas de redécouvrir. L’histoire d’Eliza Doolittle, petite marchande des rues qu’un célèbre professeur de phonétique prend le pari de transformer en duchesse, ne revêt pas tout à fait les couleurs du conte de fées ; et pourtant, il en a l’apparence.
C’est cette réflexion sur les apparences trompeuses qui m’a inspiré l’idée de transposer la pièce dans les années 50, époque glamour par excellence où les Grace Kelly, Marilyn Monroe et autres Lana Turner illuminaient de leur beauté films et magazines et faisaient rêver les spectateurs du monde entier.
Mais derrière l’icône se cachait la femme, derrière la star fabriquée palpitait le cœur d’un être humain dont on faisait un produit…
C’est pourquoi la transformation d’Eliza Doolittle façonnée par le professeur Higgins, qui n’est pas sans rappeler ces destins de femmes, se déroule ici dans un univers cinématographique en « Technicolor ».Pour cette comédie brillante qui inspira la célèbre comédie musicale « My Fair Lady », quelques chansons et pas de danse, en clin d’œil à l’âge d’or du cinéma hollywoodien des années 50, viennent agrémenter avec fantaisie cette escale ludique et spirituelle qui fait encore écho aujourd’hui.
Le début de la pièce est long à se mettre en place. Il est intéressant mais la scène introductive devant le théâtre dure assez longtemps. Si l’on essaie de positiver, ce passage permet au moins de présenter les différents personnages.
Lorsque l’on va voir « Pygmalion », on attend avec impatience que commencent les leçons. Or, dans cette version, on a l’impression que les leçons ne commenceront jamais ! Nous avons aussi trouvé que la gouvernante, Mrs Pearce, parlait vraiment beaucoup… La scène de la toilette est assez amusante, cela dit.
Ces petites longueurs initiales évoquées, je peux maintenant vous dire combien nous avons été sensibles aux décors, aux costumes et à l’univers de la pièce. Les logements, le mobilier, le papier peint… De tout se dégageait un charme fou ! De même, les costumes étaient vraiment beaux.
Benjamin Egner incarne Henry Higgins, phonéticien à tendance savant fou, asocial et sans sentiment. Le comédien apporte un charme assez inédit au personnage, présenté comme un éternel célibataire. Higgins dans cette version est donc charismatique, sarcastique, énigmatique et séducteur.
Lorie Pester prête ses traits à Eliza Dolittle, petite vendeuse des rues au caractère bien trempé. On oublie vraiment que l’on voit Lorie. La jeune femme commence la pièce avec une épaisse chevelure châtain foncé et de grosses chaussures et la termine éduquée, de bonne compagnie et digne d’une duchesse.
J’aurais aimé entendre Henry et Eliza davantage chanter. La scène de la leçon chantée était très belle mais si courte ! La pièce étant en français, je me doutais ne pas avoir le droit à « The rain in Spain… ♪♫ » mais j’en aurais aimé plus.
Philippe Colin incarne Pickering, colonel à la retraite et véritable gentleman. Jean-Marie Lecoq se fait remarquer en Alfred Dolittle, éboueur et père d’Eliza. En effet, il est très crédible en alcoolique mi-désabusé mi-optimiste. Sonia Vollereaux excelle aussi dans le rôle de Mrs Higgins, mère d’Henry Higgins. Cette dame semble si bien éduqué qu’il est presque étonnant que son fils soit si hors normes !
Claire Mirande, Emmanuel Suarez et Cécile Beaudoux jouent la mère, le frère Freddy et la sœur Clara de la famille Eynsford-Hill. Freddy est un prétendant d’Eliza mais aussi un concurrent bien fade d’Henry.
« Pygmalion » nous a fait plaisir car il s’agit bien d’une vraie pièce qui repose sur du texte et associe bien tous les ingrédients du théâtre.
Et cette histoire m’émeut toujours avec sa fin quelque peu dramatique. Je n’ai d’ailleurs pas manqué de verser une larme lors d’un désaccord entre Henry et Eliza… J’ai beau connaître l’histoire, j’espère toujours que la fin change !
Envie de découvrir la bande-annonce ?
Le théâtre 14 était bien rempli lorsque nous sommes allés applaudir « Pygmalion ». Si la pièce a eu ses longueurs (2h05) et si nous aurions aimé écouter plus de leçons et de chansons, nous avons tout de même passé un bon moment. C’est un vrai spectacle.
Et vous, aimez-vous l’histoire de Pygmalion ?
Pygmalion
Jusqu’au 27 février 2016
mardi, vendredi et samedi à 20h30
mercredi et jeudi à 19h
matinée samedi à 16h
Plein tarif : 25 €
Tarifs réduits : 18 €
Lycéens, moins de 26 ans et chômeurs : 11 €
Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris
D’autres dates à surveiller : à Brunoy (91) en avril, en Suisse en avril, à Conflans-Sainte-Honorine (78) et à Mérignac en mai par exemple
ça a l’air très chouette, malgré les longueurs… 2h, ça paraît costaud quand même
Oui, tu as bien saisi ce que j’essayais de faire passer 🙂 Une jolie pièce que nous sommes heureux d’être allés voir !