Nous avons profité de la nuit des musées pour aller admirer la magnifique exposition « Paris 1900, la ville spectacle » au Petit Palais. Grand bien nous a pris de faire la queue 1h35 : les salles à parcourir sont nombreuses et il est inimaginable pour un amoureux de notre belle capitale française de passer à côté !
L’exposition « Paris 1900, la Ville spectacle » invite le public à revivre les heures fastes de la capitale française au moment où elle accueille l’Exposition Universelle qui inaugure en fanfare le 20e siècle. Plus que jamais la ville rayonne aux yeux du monde entier comme la cité du luxe et de l’art de vivre. Plus de 600 œuvres – peintures, objets d’art, costumes, affiches, photographies, films, meubles, bijoux, sculptures… – plongeront les visiteurs du Petit Palais dans le Paris de la Belle Époque. Les innovations techniques, l’effervescence culturelle, l’élégance de la Parisienne seront mis en scène comme autant de mythologies de ce Paris dont la littérature et le cinéma n’ont cessé depuis de véhiculer l’image dans le monde entier.
Je rêve parfois de voyager, le temps d’un jour, dans le passé. Si ce vœu était réalisable, voir l’expo universelle de Paris me comblerait. Au Petit Palais, j’ai adoré voir les dessins de projets pour cet événement. Le kiosque du Figaro, les aménagements envisagés de la Tour Eiffel… Comment ne pas rêver ? En revanche, quand on croit entrevoir les destructions qui sont intervenues, on comprend mieux pourquoi la dame de fer a failli être démontée… et on ose à peine imaginer tous les chefs d’œuvre qui ont été détruits (snif).
Dans une scénographie inventive intégrant le tout nouveau cinématographe au fil du parcours, le visiteur est convié à un voyage semblable à celui des 51 millions de touristes qui affluèrent à Paris en 1900. Le parcours organisé autour de six « pavillons » débute par une section intitulée « Paris, vitrine du monde » évoquant l’Exposition Universelle. A cette occasion, les nouvelles gares de Lyon, d’Orsay et des Invalides sont construites tout comme la première ligne du « métropolitain ». Des projets architecturaux, des peintures, des films mais aussi de pittoresques objets souvenirs et des éléments de décors sauvegardés, rappelleront cette manifestation inouïe.
La partie suivante n’a pas manqué de me rappeler à quel point j’aimais l’art de « l’école de Nancy », ville dans laquelle j’ai habité deux ans.
Paris 1900 ne saurait se résumer à l’Exposition Universelle : la Ville lumière proposait bien d’autres occasions d’émerveillement et de dépenses. Dans les magasins de luxe et les galeries d’art, les amateurs pouvaient découvrir les créations des inventeurs de l’Art Nouveau, présenté ici au sein d’un second pavillon dédié aux chefs-d’oeuvre de Gallé, Guimard, Majorelle, Mucha, Lalique, etc.
La salle consacrée aux Beaux-Arts était surpeuplée. Des tableaux et sculptures célèbres côtoyaient d’autres œuvres tout aussi intéressantes. Ne reconnaissez-vous pas ces deux jeunes femmes au piano, installées devant un tableau de Degas ?
La troisième section dévolue aux Beaux-Arts démontre la place centrale de Paris sur la scène artistique. À cette époque, tous les talents convergent vers la capitale pour se former dans les ateliers, exposer dans les Salons et vendre grâce aux réseaux montants des galeries d’art. Des toiles du finlandais Edelfelt, de l’espagnol Zuloaga ou de l’américain Stewart, évoqueront ce climat international. Mais l’accrochage confronte aussi les oeuvres de Cézanne, Monet, Renoir, Pissarro, Vuillard, avec celles de Gérôme, de Bouguereau ou Gervex, gloires acclamées tant de l’Académisme que de l’Impressionnisme enfin reconnu, du Symbolisme tardif ou de figures plus nouvelles, comme Maillol ou Maurice Denis, tandis que triomphe l’art d’un Rodin.
Mieux vaut ne pas trop penser aux tailles de guêpe que les vêtements semblent suggérer. Hum… Si les hauts étaient assez couvrants, que de jolies tenues portaient les dames de l’époque !
Le visiteur découvre ensuite les créations d’une mode parisienne triomphante qui affichaient son succès dès l’entrée de l’Exposition Universelle dont la porte monumentale était surmontée d’une figure de Parisienne habillée par Jeanne Paquin. Les maisons de couture de la rue de la Paix attirent un monde cosmopolite et richissime, qu’imitent les midinettes. Les plus beaux trésors du Palais Galliera, telle la célèbre cape de soirée signée du couturier Worth, seront accompagnés de grands portraits mondains par La Gandara ou Besnard, et d’évocation du monde des modistes et des trottins sous le pinceau aussi bien de Jean Béraud que d’Edgar Degas.
La salle coquine ne manquait pas de visiteurs non plus, montrant quelques dames peu vêtues ou décidées à l’être moins ! J’ai eu une pensée pour le film « Moulin rouge » que j’adore… Les nuits parisiennes et la fée verte, tout un programme !
Les deux derniers pavillons offriront une plongée dans le Paris des divertissements : des triomphes de Sarah Bernhardt à ceux d’Yvette Guilbert, de Pelléas et Mélisande de Debussy à l’Aiglon de Rostand, de l’opéra au café-concert, du cirque à la maison close. Autant d’illustrations des côtés brillants et obscurs d’une cité qui se livrait sans compter afin de conforter l’idée qu’elle demeurait la capitale du monde et la reine des plaisirs. Les lieux mythiques comme le Moulin Rouge ou le Chat Noir, deviennent les sujets favoris d’artistes comme Toulouse-Lautrec. Des grandes demi-mondaines Liane de Pougy ou la belle Otero à l’enfer de la prostitution et de la drogue, l’exposition montre l’envers du décor, thèmes qui se révéleront être des sujets porteurs de révolutions esthétiques.
En fin de parcours, on peut voir ou revoir un film de Méliès et s’amuser de sa vision de la conquête spatiale !
Même en allant vite, vous ne passerez jamais moins d’une heure au milieu des salles de « Paris 1900, la ville spectacle ». L’expo est magnifiquement réussie. Allez-y !
Et vous, êtes-vous sensibles à cette époque ?
Paris 1900
Jusqu’au 17 août 2014
Plein tarif : 11 €
du mardi au dimanche de 10h à 18h
nocturne le jeudi jusqu’à 20h
fermé le lundi et les jours fériés
Petit Palais
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Tél. : 01 53 43 40 00
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