En cette rentrée théâtrale, impossible de passer à côté d' »Edmond », la troisième pièce d’Alexis Michalik. Monsieur et moi étions ravis d’aller la découvrir au théâtre du Palais royal. Sur scène, douze comédiens jouent la préparation et la première de Cyrano de Bergerac. Dans la salle, les spectateurs suivent un Edmond Rostand mi-réel mi-fictif entre défaitisme et inspiration. Un hommage au théâtre par le théâtre !
L’histoire
Décembre 1897, Paris.
Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : Cyrano de Bergerac.
Alors, alors ?
« Edmond » nous a beaucoup plu et nous avons vraiment été pris dans l’histoire.
Un auteur à la recherche de l’inspiration
Il n’est pas rare de se demander, au sujet d’un auteur : « Mais où va-t-il chercher tout cela ?« . Avec « Edmond », Alexis Michalik revisite l’histoire d’une personne qui en a imaginé une.
Nous avons eu l’impression de découvrir la genèse voire de participer à l’histoire de Cyrano de Bergerac. Le spectateur découvre Cyrano sous un autre angle. Monsieur, plus grand lecteur – de classiques notamment – que moi, a envie de relire la pièce.
Deux comédiens, de nombreux personnages
Les comédiens jouent très bien. On les sent dans l’émotion et vivre complètement la pièce, sans doute aussi conscients de servir un texte brillant.
Guillaume Sentou, qui interprète Edmond, semble vraiment être Edmond Rostand. Il donne l’impression d’être la personne réelle. Omniprésent, on le suit avec intérêt.
À ses côtés évoluent Rosemonde, incarnée par Anna Mihalcea, et Jeanne, sous les traits de Stéphanie Caillol. La première est une femme aimante, inquiète et un peu désabusée. La seconde est fraîche, douce et pleine d’admiration. Jean-Michel Martial et Kévin Garnichat semblent tout autant être le gérant d’un bar et un joli cœur qui n’entend pas avoir une femme par de beaux mots.
Les deux producteurs mafieux corses sont assez drôles même s’ils sont en décalage avec la pièce et pas forcément les personnages qui nous ont le plus convaincus. En revanche, chaque apparition de Georges Faydeau – le « winner » – nous a fait boire du petit lait.
Une pièce de théâtre en mouvement
Les éléments de décor sont en mouvement quasi-permanent. J’aime l’idée qu’une porte puisse avoir son rôle à elle et n’être symbolisée que par elle. Tout est en place pour que les objets suivent le rythme de la pièce. Les déplacements sont fluides et les lieux nombreux. Nous avons été très sensibles à la mise en scène.
Le théâtre du Palais Royal sert complètement le spectacle. « Edmond » et son écrin se servent l’un l’autre. On se sent d’ailleurs à la fois spectateur du Cyrano de 1897 et de l’Edmond de 2016.
Se détacher des comparaisons
La pièce n’est pas complètement dans la lignée des deux précédentes de l’auteur (c’est le moment de faire une parenthèse : il a un rôle dans la série « Versailles » !), Le Porteur d’Histoire et Le Cercle des Illusionnistes. Si « Edmond » est une vraie réussite, elle n’a pas la folie ou le caractère inattendu de ses « grandes sœurs ». Une fois cette idée en tête, vous aurez tout pour l’apprécier !
En bref, vous l’aurez compris, je vous recommande d’aller découvrir « Edmond », son texte très intelligent, sa mise en scène originale… et tout le reste !
Edmond, d’Alexis Michalik
Théâtre du Palais Royal
38 rue de Montpensier
75001 Paris
du mardi au samedi à 21h
le dimanche à 16h30
Catégorie Or : 60€
1re catégorie : 52€
2e catégorie : 44€
3e catégorie : 38€
4e catégorie : 17€
theatrepalaisroyal.com
Merci beaucoup de l’invitation