Quelques jours avant la cérémonie des Oscars, nous sommes allés voir une avant-première de « Brooklyn », une romance dramatique qui sort le 9 mars 2016 sur les écrans français. Le film a reçu trois nominations aux Oscars : meilleur film, meilleur scénario adapté et meilleure actrice. Un coup d’œil à l’affiche et un visionnage de la bande-annonce plus tard, il était évident que c’était un film pour moi et mes attentes étaient hautes. Si vous aimez, vous aussi, les belles histoires d’amour, les voyages et les ambiances soignées qui témoignent du passé, vous devriez aimer autant que nous.
Un conseil ? Pour garder le suspens, ne lisez pas le résumé de l’histoire affiché dans l’encadré qui suit… En tout cas, pas juste avant d’aller voir le film !
Dans les années 50, attirée par la promesse d’un avenir meilleur, la jeune Eilis Lacey quitte son Irlande natale et sa famille pour tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique. À New York, sa rencontre avec un jeune homme lui fait vite oublier le mal du pays… Mais lorsque son passé vient troubler son nouveau bonheur, Eilis se retrouve écartelée entre deux pays… et entre deux hommes.
« Brooklyn » est un très beau film pour de nombreuses raisons.
On découvre l’histoire d’une jeune femme, Eilis, qui vit avec sa grande sœur, qui déborde d’amour pour elle, et leur mère veuve. Sa sœur, justement, a tout arrangé avec l’aide d’un prêtre irlandais émigré pour qu’une nouvelle vie s’ouvre à elle, avec plus de perspectives, à New York. Elle lui offre ainsi un passeport pour la liberté et une vie qu’elle aurait sans doute aimée elle aussi… Il faut beaucoup d’amour et de maturité pour savoir se réjouir pour quelqu’un d’autre que soi et voir une personne chère s’éloigner.
Rien que d’écrire ces phrases, j’ai envie de pleurer ! Car dès le début du film, on se retrouve dans la peau de l’héroïne, Eilis, sentant son déchirement lors de son départ d’Irlande et de son arrivée aux États-Unis. On vit à travers elle ses difficultés, son mal du pays et la peine partagée, pour des raisons différentes, avec ses proches. Il suffit de faire appel à son expérience personnelle pour voir la culpabilité qui peut être imposée par un entourage qui fait sentir qu’il se sent délaissé. Alors, dans le cas d’une famille réduite et d’un océan de distance au milieu du 20e siècle, tout est décuplé.
La longueur et la difficulté du voyage, de l’Irlande à Ellis Island, participent à rendre cette impression de passage d’un é(É)tat à l’autre. Plus tard dans le film, on sent comme Eilis peut ressentir attrait et répulsion mêlés vis-à-vis de sa ville et de sa vie d’origine.
Lorsque la jeune femme arrive à Brooklyn, elle vit dans une pension avec quatre autres jeunes femmes et une dame. Cela donne lieu à d’amusantes scènes. Mais l’on se rend compte aussi du soutien que cela peut lui procurer pour relever avec succès les défis qui se présentent à elle.
On se demande à quelle sauce elle va être mangée et si quelqu’un va chercher à lui nuire : sa patronne ? Les coquines de la pension ? Celle qui tient la pension ? Un garçon peut-être ?
« Brooklyn » parle aussi de la solitude et pas seulement celle à laquelle il faut faire face à l’heure des choix.
« Brooklyn », c’est aussi une belle histoire d’amour.
On voit émerger assez rapidement un certain Tony, un Italien qui a quelque chose de maladroit (le motif pour lequel il se trouvait dans un bal d’Irlandais fait hausser le sourcil), de bonhomme, qui parle plus de projets que de lui et qui est au final vraiment attendrissant. Il ne faut pas être bilingue pour percevoir son accent, lui aussi touchant.
Le dîner dans la famille italienne m’a amusée avec sa fratrie de garçons et son petit dernier. Et je me suis dit que, finalement, 60 ans plus tard, on se posait la même question de savoir comment manger des spaghettis proprement (sic !).
Les acteurs sont excellents. La jeune actrice, Saoirse Ronan, a un regard clair et lumineux. Son personnage est assez en retenue, même s’il évolue, et la comédienne lui fait profiter d’une magnifique palette d’émotions ! Emory Cohen incarne Tony. Je serais très curieuse de voir l’acteur dans d’autres rôles, cela montrerait sans doute son travail pour prendre une posture d’ouvrier et de garçon simple et amoureux…
Vous le voyez sans doute sur les images du film : la photographie est très belle ! Nous avons chacun beaucoup observé vêtements et costumes : les jolies tenues, les lunettes de soleil, les maillots de bain, les bas à coutures, les robes à pois, etc.
Les années 50 apparaissent comme une belle époque durant laquelle tout était à conquérir et le champ des possibles s’ouvrait.
On ne voudrait pas qu’Eilis retourne en Irlande, au moins temporairement. C’est pourtant le chemin qu’elle doit prendre. On voit alors au grand jour ce que le vivre ailleurs change chez une personne. Eilis doit son évolution à sa vie à New York et à Tony. La question d’être ou de ne plus être d’un pays se pose fortement. La jeune femme n’est plus tout-à-fait Irlandaise avec ses manières, son caractère et ses vêtements américains.
Son amie Nancy semble soudain en décalage par rapport à elle. Et si Jim Farrell la touche, c’est par son intégrité, sa gentillesse, son envie de bien faire. Il fait résonner quelque chose de l’ordre des racines chez elle. Mais, à ce stade du film, on est déjà acquis à la cause de Tony !
Nous nous sommes totalement laissés porter par l’histoire, qui aurait pu durer 20 minutes de plus sans nous lasser (il dure 1h53). Pendant la dernière partie du film, nous étions inquiets, pensant si fort : « s’il arrive un drame de plus, je ne survivrai pas ».
S’il vous faut un argument de plus, regardez la bande annonce ! Mais ensuite, oubliez-la !
« Brooklyn » est un drame mais dont on ne ressort pas déprimés (ouf) ! J’ai même surtout pleuré pendant la première partie du film. « Brooklyn » donne envie d’aller au cinéma. J’ai aussi une folle envie de le revoir pour savourer, maintenant que je connais la fin ! Ce n’est peut-être pas « le film ultime de toute ma vie » mais il mérite amplement d’être découvert et apprécié à sa juste valeur.
Et vous, avez-vous prévu le déplacement ?
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Tout a fait d’accord avec la critique : ce film est excellent!! J’ai été subjuguée par le magnifique regard de Saoirse Ronan et aussi par le petit accent d’Emory Cohen.
Adorable cet accent, c’est vrai 🙂 Je ne peux pas m’empêcher de sourire quand je repense au film…
Bonsoir,
Ton article est génial! j’adore ce genre de critique construite, on sent que tu as décortiqué le film et j’adore! Merci pour ce bon moment de lecture!
Hello, merci beaucoup, c’est très gentil 🙂 À bientôt !
Ah, quelle belle histoire d’amour ! Étant fan des années 50, il faut dire que je me suis régalée, c’est conforme à cette période. Qui plus est, le scénario tient la route et la mise en scène est prenante.
Je reverrais le film avec plaisir… Rien que d’y penser, j’ai un petit pincement au cœur 😉