Pour ma journée « Paris en amoureux », je suis allée voir l’exposition présentée jusqu’au 11 janvier 2015 à la Pinacothèque : « Le Kâma-Sûtra : spiritualité et érotisme dans l’art indien ». En effet, si l’on entend très souvent parler de Kâma-Sûtra, la promesse d’en savoir plus sur ce « livre de vie » qui doit servir de guide à l’homme et à la femme au cours de leur vie afin d’atteindre le salut (rien de moins !) était attirante. La pinacothèque organise d’ailleurs la toute première exposition portant sur le texte de ce livre.
La Pinacothèque de Paris présente une exposition hors du commun : « Le Kâma-Sûtra : spiritualité et érotisme dans l’art indien ».
Attribué à un brahmane qui l’aurait écrit au IVe siècle de notre ère, le Kâma-Sûtra constitue l’un des textes majeurs de l’hindouisme médiéval et n’est pas un livre pornographique ainsi qu’il est souvent présenté en Occident. Il est divisé en sept sections (adhikarana) : la société et les concepts sociaux, l’union sexuelle, à propos de l’épouse, à propos des relations extra-maritales, à propos des courtisanes, à propos des arts de la séduction.
Près de 350 œuvres exceptionnelles dont celles de la collection de Shriji Arvind Singh Mewar, maharana d’Udaipur et la remarquable collection de Beroze et Michel Sabatier – sculptures, peintures, miniatures, objets de la vie quotidienne, « livres de l’oreiller », ouvrages illustrés que l’on offrait aux jeunes mariés jusqu’au XIXe siècle afin de faire leur éducation érotique -, organisées selon les sept sections du Kâma-Sûtra, sont présentées par la Pinacothèque de Paris.
L’exposition, déconseillée aux mineurs, explique l’esthétique érotique propre à la vie culturelle indienne et à l’hindouisme. Elle tente également de comprendre pourquoi le monde occidental porte un regard si déformé sur ce livre singulier.
L’exposition est très documentée et propose de nombreux panneaux à la lecture. J’ai appris beaucoup de choses. Parmi lesquelles :
- Shiva et Parvati sont les parents de l’univers selon la philosophie hindoue
- Dharma, la vertu, est meilleur que artha, la prospérité, lui-même meilleur que kâma, le plaisir
- Les quatre buts de l’existence sont dharma, artha, kâma et moksha, la libération spirituelle
- Au 4e siècle, le mariage était consommé après trois nuits pendant lesquelles la maison devait être emplie de chants, de fleurs et de parfums
- Tout comme il existe 64 positions sexuelles, on compte 64 arts et sciences essentiels à l’éducation d’une jeune fille
- Pour un bon mariage, la jeune femme doit être de bonne famille, avoir au moins trois ans de moins que l’homme, avoir encore ses parents en vie et plusieurs oncles et tantes
- Lingam et yoni sont les noms des organes sexuels masculin et féminin
- Kâma est le dieu de l’amour
- Shiva est dieu de la danse, Nataraja
- En Inde ancienne, les positions dans lesquelles la femme était au-dessus étaient osées
Le Kâma-sûtra, qui se veut un guide pour être heureux en mariage, comprend sept livres :
- Livre 1 : les méditations
- Livre 2 : l’art de faire l’amour (avec des chapitres comme « les griffures et les morsures » ou encore « les querelles amoureuses » !)
- Livre 3 : l’art de faire la cour et le mariage
- Livre 4 : la conduite de l’épouse
- Livre 5 : séduire les femmes des autres (sic !)
- Livre 6 : la courtisane
- Livre 7 : les aphrodisiaques et les charmes
J’ai particulièrement apprécié les jolies peintures et les pigments naturels et rehauts d’or sur papier. J’y suis plus réceptive qu’aux sculptures sur pierre ou terre cuite. J’ai aussi remarqué que les personnages étaient toujours partiellement habillés. Ils sont parfois dessinés avec un verre de vin à la main, ou admirant leur visage dans un miroir. Ils ont toujours la mine impassible : cela m’a amusée.
J’ai été un peu gênée par les quelques vitrines sur la sexualité avec les animaux. Une femme et un éléphant représentés… Tout cela est bien intriguant en France en 2014-2015. Mais ça ne reste qu’une petite partie de l’expo.
Pour l’anecdote, la culture indienne donne un bien curieux conseil à ses messieurs pour asservir une amante : « oignez votre pénis avant l’amour de miel saupoudré de poivre noir, de poivre long et de datura ». Bonne chance !
En bref, cette heure et quart passée tranquillement dans les salles en nocturne m’a intéressée. J’ai apprécié les explications et anecdotes et la qualité des dessins. Quand on sort d’une expo avec l’impression d’en savoir plus, c’est souvent signe de réussite.
À voir !
Le Kâma-Sûtra : spiritualité et érotisme dans l’art indien
Jusqu’au 11 janvier 2015
Pinacothèque 2
8, rue Vignon
75009 Paris
Tous les jours de 10h30 à 18h30 sauf le mardi
Nocturnes les mercredis et les vendredis jusqu’à 20h30
Fermeture de la billetterie 1h avant la fermeture de la pinacothèque
Jours fériés de 14h à 18h30
Plein tarif : 13 €
www.pinacotheque.com
Une exposition qui doit être intéressante
J’hésite à aller la voir, tout comme celle sur Sade d’ailleurs.
Il faut bien savoir ce que l’on va voir en y allant… Ma sœur et son compagnon y sont allés car je leur en avais parlé. Ils ont trouvé l’expo "intellectuelle" et ont vu du bien et du décevant, d’après leurs goûts…
Bonne année !! 😉